White sky for white trees

Six mois après l'invasion allemande de 1941, près de 70 000 juifs sont assassinés en Lettonie. L'importance de ce que l'on appelle aujourd'hui la Shoah par balles et qui a conduit au massacre de 90% de la population juive lettonne est un des aspects terribles de l'histoire lettonne. La réécriture de l'histoire de l'occupation nazi par les soviétiques, à leur seule gloire, a intentionnellement évacué la question juive. À Cesis, la pierre du mémorial de la Shoah que je découvre dans la forêt mentionne sobrement les victimes du fascisme. Érigée en 1970 par les Soviétiques, elle était enfouie sous les mousses et les branchages, dans les bois et la population en avait perdu la mémoire jusqu'à ce que le hasard m'y mène. Selon les historiens 200 à 300 juifs de Cèsis et des alentours auraient été exterminés près du lac Néniéris. La fosse n'a jamais été excavée et l'identité précise des assassins n'est pas connue. Seuls 40 noms de victimes ont été identifés. Il ne reste plus aucune communauté juive à Cesis et les allemands ont brûlé les archives en s'enfuyant. Les jeunes lettons ont soif d'une mémoire complète où figurent les ombres du passé. Mais comment faire lorsque les traces sont lointaines, les témoins disparus et que tant de recouvrements idéologiques ont brouillé les pistes ?