Kronstadt-contre flux
Ce dispositif peut être projeté soit comme un film, soit conçu comme une installation.
Un mois d’existence à Kronstadt m’a confirmé dans l’idée de flotter à la pointe avancée d’un empire qui se serait plié sur lui-même sous les chocs inversés de l’idéologie socialiste et du capitalisme sauvage. Les gouttières repeintes, rouillées, tordues, restaurées, sont les artères de la ville. Elles témoignent des soubresauts de Kronstadt. Les voitures, elles, sont l’élément mobile, l’élément musical. Il s’agit de vieilles ladas, sortes d’épaves roulantes tout droit sorties de l’histoire soviétique. Naguère plébiscitées, ce sont aujourd’hui des rebuts survivants souvent dévolus au rôle de taxi clandestin. Maillant le paysage, elles tournent en boucle dans une histoire qui a perdu son sens.